Voilà le printemps, le retour des jours ensoleillés, des fleurs, des pluies intermittentes, mais aussi de la ruée des Libanais sur les plantes légumineuses crues.
Encore petit, j’avais demandé un jour à ma grand-mère la raison pour laquelle on mange tellement de choses qui n’ont pas encore atteint la période de récolte. Des produits comme les fèves (foul), les pois chiches (hommos akhdar ou emm’laybeneh), les amandes (loze), les petits pois (bazella), les mirabelles (janerik), le blé (pour faire du frikeh), le thym (zaatar barreh) et beaucoup d’autres.
Durant l’occupation des pays du Levant, et notamment le Liban, les Ottomans forçaient les peuples soumis à livrer toutes leurs récoltes entassées dans des sacs de jute au « bacha », chose qui laissait les familles vivant dans cette région sans rien à se mettre sous la dent. Et avec l’invasion des criquets au début du XXe siècle, la famine et la pauvreté poussaient ces communautés à consommer leurs produits avant la saison de la récolte. Les Ottomans n’avaient pas vu cette échappatoire et ne comprenaient pas pourquoi la taxe obligatoire (el-mireh) diminuait année après année.
Une habitude qui est devenue une tradition. C’est ainsi que ces produits ont pris place dans plusieurs plats libanais, devenus aujourd’hui célèbres.
L’orient le jour